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Culture Gnum, chaine vidéo de Canal-U (plateforme audiovisuelle de l’enseignement supérieur et de la recherche) a été accueilli au Château durant le mois de septembre afin de réaliser une conférence filmée retraçant l’histoire du Château intitulée :

LE CHÂTEAU DE JOUX (DOUBS), AU CARREFOUR DE L’HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE

“par Laurène Mansuy-Gibey, directrice du château de Joux et du musée de Pontarlier

avec Valentin Métral, doctorant en archéologie, université de Franche-Comté, laboratoire de chrono-environnement UMR 6249.”

“Le site du château de Joux s’inscrit dans l’histoire, et peut-être même dans la protohistoire !, compte tenu de sa position géographique, dans une faille géologique de la chaîne du Jura, position qui permet de circuler sans passer un col… En tout cas les premières archives retrouvées datent du 11e siècle, quasi cent ans. Il est fait d’enceintes successives, et au 15e siècle il y avait déjà trois enceintes.

En effet, à la fin du Moyen-Âge, en 1454, le duc de Bourgogne l’achète à son seigneur : au moment d’une période troublée, pendant le conflit Bourgogne-Armagnac, Joux l’intéresse pour des raisons géographiques – au croisement des routes vers l’Allemagne, vers les Flandres, vers les foires de Champagne, vers l’Italie du Nord –, et pour des raisons militaires : il y place le comte de Neuchâtel, dans ce qui devient une garnison militaire. Aux mains des Habsbourg par la suite, il faut attendre sa conquête par Louis XVI en 1678 (Traité de Nimègue) pour qu’il intègre le royaume de France.

Sous Louis XIV, Vauban, peu enthousiasmé au départ par la construction existante de Joux, va y engager de très importants travaux (ex.un puits de 157 m de profondeur et de 3m80 de circonférence), afin qu’il puisse abriter une garnison de défense de 500 hommes. La tactique de Vauban est aussi de cacher les enceintes supérieures successives, afin de tromper l’ennemi, qui d’en bas ne comprend pas l’ensemble de la fortification.

Joux n’est pas seul sur le passage, de l’autre côté trône le fortMalher, sur la montagne du Larmont ; il est construit au 19e siècle car les Autrichiens, depuis Larmont, avaient en 1813 menacé le territoire et tiré sur Joux et Pontarlier.

À la toute fin de la guerre franco-prussienne de 1870, l’armée de l’Est du général Bourbaki(1816-1897) est en déroute, de Belfort à Pontarlier. Elle négocie avec laSuisse (pays neutre) un internement – une retraite sans armes –, tous les cantons suisses accueilleront « des Bourbakis ». Le château de Joux protège cette retraite le 31 janvier 1871.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fort résiste quelques jours après l’annonce de l’armistice, jusqu’au 24 juin 1940, mais est occupé par les Allemands jusqu’en 1944. Il sera démilitarisé juste après la Libération et ouvert à la visite en 1948.

Valentin Métral explique sa thèse en cours sur l’archéologie du bâti : comprendre l’évolution du château de Joux depuis son édification en 1034, jusqu’aux dernières modernisations, années 1940. Par la suite (après la démilitarisation), il ‘y a bien sûr plus de nouvelles constructions de fortifications — uniquement des réparations et des consolidations, comme actuellement.

La vidéo se conclut par la tragique affaire — parmi d’autres liées à Bonaparte premier consul puis empereur — de l’emprisonnement et de la mort à Joux de Toussaint-Louverture. Le général avait été capturé par traîtrise par les troupes napoléoniennes à Saint-Domingue, et transporté par bateau, sur le continent, puis à l’est de la France à Joux en août 1802, loin de tout port dont il pourrait s’échapper. Quasi soixantenaire à l’époque, il tombe rapidement malade avec le froid et l’humidité – par ailleurs ses rations diminuent. Il meurt neuf mois plus tard, en avril 1803.

Le château de Joux – et la tragédie Toussaint-Louverture – a fait l’objet d’un passage dans l’émission de Stéphane Bern en mai 2021 ;il bénéficie consécutivement d’un soutien financier du Loto du Patrimoine (DRAC, et des mécènes privés), pour la poursuite des travaux et l’installation d’un musée d’art haïtien (œuvres contemporaines).

Réalisation de la vidéo : Luca Rechsteiner (videoprod.ch)”

En collaboration avec la Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris qui soutient la recherche et la diffusion des connaissances en sciences humaines et sociales.