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Situé au sud-ouest du château de Joux, en contrebas de l’éperon occupé par la forteresse, le plateau du Gérot révèle aujourd’hui son rôle défensif.

Les fouilles réalisées en mai 2021 par l’Université de Franche-Comté sous la direction de Valentin Metral (Doctorant en archéologie), ont permis de documenter une structure circulaire interprétée comme un petit fortin.

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© Vue générale du fortin en cours de fouille – V. Bichet

Ce fortin prend la forme d’une butte très légèrement ovale de 27 m de diamètre bordée d’un fossé périphérique mesurant 2 à 3 m de largeur pour 1 à 1,5 m de profondeur. Composée de terre et de bois, le rôle de cette structure était de défendre les abords sud du château, fortement vulnérables en raison d’un terrain dégagé et relativement plat où l’ennemi pouvait se mouvoir sans grandes difficultés. De tout temps, ce plateau semble donc avoir été occupé militairement afin de parfaire la défense du château de Joux, l’ensemble de ces structures militaires formant les défenses dites « avancées ».

Outre une fonction active dans la défense du château, en assurant un ralentissement d’une percée ennemie sur ce flanc sud, ce fortin garantissait surtout le rôle de vigie permettant de surveiller les environs et d’alerter suffisamment tôt la garnison du château de tous mouvements de troupes suspects. Ce gain de temps devait ainsi permettre à la garnison de se mettre en position pour contrer l’offensive.

La fouille réalisée en 2021 a permis de confirmer la fonction militaire de l’anomalie repérée. Sa construction s’appuie sur un affleurement rocheux proéminent qui a été partiellement retouché, écrêté en surface, et dont le pourtour a été souligné par le creusement d’un fossé périphérique. Le terre-plein (partie centrale du fortin) a montré la présence de trous pouvant être assimilés par leurs formes et leur disposition à des logements destinés à accueillir des poteaux en bois. Ces vestiges témoignent de la présence d’une structure en bois probablement liée à des parois de bâtiment ou plus simplement à la mise en place d’un plancher destiné à faciliter la circulation dans le fortin. Bien que la fouille n’ait pas pu le confirmer, le bord du fortin pourrait avoir été doté d’une palissade en bois, renforçant ainsi sa défense.

Les objets découverts au cours de la fouille, principalement des éléments d’habillement (anneau, agrafe, boucle, etc.) ou liés à une fonction militaire (pointes de flèches, projectile en plomb, etc..), indiquent une occupation importante des lieux entre le XIIe siècle et le début du XVe siècle, suivi d’une fréquentation ponctuelle jusqu’aux années 1940. La datation du fossé et du parapet de la plateforme, grâce notamment aux charbons contenus dans leurs remblais, confirme cette première chronologie et fournissent une datation probable de la mise en place du fortin entre les années 1083 et 1129.

© Alignement de trous de poteaux creusés dans le rocher – V. Metral

La mise en évidence d’une occupation des lieux entre le XIIe siècle et la fin de la période médiévale autorisent aujourd’hui à remettre en perspective les apports possibles de l’archéologie à la connaissance du château médiéval. Si le château de Joux ne semble pas à ce jour conserver dans ses élévations ou dans ses cours de vestiges antérieurs au XIVe siècle, en raison notamment des nombreuses destructions survenues au fil des siècles, ses abords relativement bien préservés pourraient tout aussi bien nous renseigner sur les occupations les plus précoces…

© Fouille en cours du terre-plein – V. Bichet

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© Relevé archéologique du fortin, Relevé et DAO – V. Metral

© Fouille du fossé périphérique entaillé dans la roche – V. Metral

Article par Valentin Metral, doctorant en Archéologie du Bâti.