Le château de Joux, au-delà de son histoire et de son architecture millénaire, est un lieu de mémoire à plus d’un titre :
TOUSSAINT LOUVERTURE ET LA MÉMOIRE DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE
QUI ÉTAIT TOUSSAINT LOUVERTURE ?
À son arrivée au Château, il est déjà âgé. Il souffre de blessures de guerre et de maladie respiratoire. Tous les matins, il reçoit sa nourriture composée de biscuits, fromage, viande salée, vin, sucre et café. On lui fournit également de quoi se chauffer et s’éclairer. Mais sa cellule reste froide et humide. La fenêtre murée laisse entrer peu de lumière. Toussaint Louverture est tenu au secret : il ne peut pas recevoir de visite et n’a pas le droit de sortir. Après 7 mois de détention, il meurt le 7 avril 1803.
Le 1er janvier 1804, Haïti devient la 1ère République noire au monde. L’esclavage est définitivement aboli par la France, en 1848.
Toussaint Louverture, héros de son vivant, est devenu un véritable mythe après sa mort. Cette image a été forgée par les écrivains, Victor Hugo, Lamartine, qui ont repris la figure de Toussaint Louverture dans des romans, de la poésie, des pièces de théâtre et des biographies. De figure historique à personnage fictif, Toussaint Louverture est aujourd’hui une figure connue et reconnue mondialement.
L’HÉRITAGE MEMORIEL ET LA ROUTE DES ABOLITIONS DE L’ESCLAVAGE
L’enfermement et la mort de Toussaint Louverture au château de Joux, ont rapidement positionné le site comme un haut lieu de la mémoire de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. Depuis le 19e siècle, la cellule de Toussaint Louverture est visitée et nombreux sont ceux qui viennent s’y recueillir.
En 2003, de grandes manifestations ont été organisées pour le bicentenaire de sa mort. Dès 2004, le château de Joux est devenu la première étape de la Route des abolitions de l’esclavage dans l’Est de la France (www.abolitions.org). Cette route relie 5 sites de Franche-Comté et s’étend depuis 2019 à 25 lieux dans l’Est de la France et la Suisse.
Chaque année, deux temps de commémoration particuliers honorent la mémoire du combat pour l’abolition. Le 7 avril, la date de la mort de Toussaint Louverture est commémorée lors d’une cérémonie officielle. Le 10 mai, la journée mondiale commémorative de l’abolition de l’esclavage est l’occasion d’une cérémonie, d’expositions ou de spectacles.
EN SAVOIR PLUS
« Au niveau national et même international, l’engagement mémoriel dans nos régions a été précurseur. Initié dès 1901 au fort de Joux rejoint à partir des années 1950, par les sites de Champagney, Chamblanc, Fessenheim et Emberménil. En 1998, ces dynamiques mémorielles se sont structurées et organisées dans le projet de « la Route des Abolitions de l’Esclavage » premier réseau de sites et lieux de mémoire créé dans le monde. Ce réseau est devenu une association loi 1901 en 2004. Depuis 2015, il est reconnu d’intérêt général. (…) »
« Sous l’égide de l’association de la Route des Abolitions, 25 sites et lieux de mémoire liés à la lutte contre l’esclavage sont désormais fédérés dans Le Pôle mémoriel national de l’Est de la France et Suisse afin de valoriser l’action pionnière des personnages historiques et de renforcer l’engagement historique de la France sur l’histoire de la traite, de l’esclavage et de ses abolitions. »
JOUX & HAÏTI
En tant que dernière demeure de Toussaint Louverture, le château de Joux est un lieu de mémoire de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. À ce titre, il a tissé des liens forts avec la Communauté haïtienne. Un ensemble d’actions de médiation autour de l’histoire d’Haïti, de la figure de Toussaint Louverture et de l’art haïtien vous est proposé : visites thématiques dédiées à Toussaint Louverture, spectacles en lien avec la liberté, l’histoire de l’esclavage et la libération des peuples, expositions temporaires.
Sur demande, d’avril à novembre, pour un groupe de 15 personnes minimum, un guide-conférencier vous emmène découvrir la vie de Toussaint Louverture au château, lors d’une visite privée spécialement dédiée.
Pour les scolaires, visite pédagogique et atelier vous permettent de travailler avec votre classe sur Toussaint Louverture, la colonisation, l’esclavage et son abolition.
LE FUTUR MUSEE TOUSSAINT ET PEINTURES HAÏTIENNES
Dans le cadre du programme de valorisation culturelle et touristique du château de Joux, la Communauté de communes du Grand Pontarlier a inscrit, dans les projets majeurs de ces prochaines années, la création d’un espace muséographique dédié au combat de Toussaint Louverture et du peuple Haïtien pour l’abolition de l’esclavage et la liberté des peuples.
Cet espace présentera 75 peintures d’artistes haïtiens retraçant l’histoire de l’île des Antilles. Ces toiles ont été commandées, en 1992, à l’occasion des 500 ans de l’arrivée de Christophe Colomb aux Amériques, par l’Association Afrique en Création, sous le commissariat de Jean-Marie Drot. Après avoir parcouru le monde entier, ces 75 peintures ont été données à la Communauté de Communes du Grand Pontarlier pour le château de Joux, en 2016.
Elles seront exposées au sein de la première enceinte du château, dans le donjon à proximité du bâtiment des prisons où se situe la cellule de Toussaint Louverture. D’une manière vivante et contemporaine, elles feront connaître l’histoire haïtienne et le combat de Toussaint Louverture pour la liberté de son peuple, des esclaves et toutes les populations colonisées. Des expositions temporaires d’artistes contemporains valoriseront l’art des Caraïbes ou d’Afrique.
CONTES & LÉGENDES
Les légendes et contes de tradition populaire et orale contribuent pour la plupart à expliquer des phénomènes naturels impressionnants. Ils nous sont parvenus grâce à différents auteurs qui les ont couchés sur le papier. Dans le Doubs, Philippe Auguste Demesmay, par exemple, les as recueillis et publiés dans son œuvre Traditions populaires de la Franche Comté.
LA JUMENT D’AMAURY
Au Moyen-Age, vers 1170, Amaury III, sire de Joux, de retour de croisade, passait des journées entières à parcourir ses terres sur une belle jument.
Un jour qu’il sortait du château, la herse mal accrochée tomba sur son cheval, le coupant en deux, juste derrière le cavalier. Ce dernier l’esprit ailleurs, ne s’en rendit pas compte et poursuivit sa course sur sa demi-monture. Après une longue chevauchée, la jument se dirigea vers la rivière du Doubs pour s’y désaltérer. Elle y but tant et si longtemps qu’Amaury perdit patience. Descendant de sa jument, il découvrit alors qu’elle n’avait plus que deux pattes, et que l’eau qu’elle buvait ressortait de ses entrailles. Horrifié, il regagna le château.
Nul n’a jamais revu la jument d’Amaury, mais on raconte encore, qu’elle hante les monts de Joux. Parfois elle se rend à la source de Fontaine Ronde et y boit si avidement que la source se tarit.
LES DAMES D'ENTREPORTES
Un seigneur de Joux avait trois filles d’une grande beauté, Loïse, Berthe et Hermance. Nombreux étaient les prétendants, mais celles-ci restaient insensibles à toutes leurs demandes. A force de refus, le sire de Joux décida de les marier et organisa un tournoi où tous les chevaliers pourraient venir s’affronter pour gagner la main de ses filles. Mais peu de chevaliers se présentèrent connaissant trop bien l’inconstance des belles demoiselles. La fortune des armes sourit à Bras-de-fer, Raymond le bossu et Hugues-au-pied-fourchu dont la méchanceté n’avait d’égale que la laideur. Hermance et ses sœurs ne purent se résoudre à se jeter du haut des murailles pour échapper à leur terrible sort. Au moment de célébrer le mariage, on découvrit que les trois futures mariées n’étaient que des servantes et que les princesses de Joux avaient pris la fuite. Les fiancés éconduits se lancèrent à leur poursuite et arrivèrent au défilé des Entreportes. Loïse, Berthe et Hermance qui s’étaient arrêté pour reprendre leur souffle sentirent un froid intense qui les paralysa. Lorsque Hugues, Raymond et Bras-de-fer crurent les attraper, il ne resta que trois statues de pierre (Départ du parking des Entreportes à Pontarlier), de tailles décroissantes, comme l’étaient Loïse, Berthe et Hermance.
LOÏSE DE JOUX
À l’époque médiévale, Loïse, princesse de Joux, était très triste depuis le départ de son fiancé pour la Terre Sainte. Des années plus tard, lors d’une ballade, elle vit apparaitre au bout du chemin un chevalier venant à elle. La saluant, il dit :
« Noble demoiselle, n’êtes-vous pas Loïse de Joux, la fiancée de Thibaud ? »
« Oui mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis bien trop longtemps et je ne sais s’il vit encore »
« Sachez qu’il est vivant ! mais qu’il vous a oubliée. »
« Nul ne remplacera jamais mon seul et unique amour Thibaud ! Mon cœur est triste mais je suis tellement heureuse de le savoir vivant ! »
Alors le chevalier releva la visière de son heaume. Loïse reconnut Thibaud, son fiancé, mais l’émotion fut si grande qu’elle tomba, morte au pied de son bien-aimé. Sur sa tombe on fit graver ces mots : « Ci-gît Loïse de Joux, morte de bonheur ».
BERTHE DE JOUX
En 1170, Berthe était mariée depuis peu et attendait un enfant lorsque son mari Amauri III, sire de Joux, dut partir pour la croisade. Les semaines, les mois, les années passèrent sans que Berthe ne reçoive de nouvelles. Et puis un jour, un chevalier blessé, se présenta aux portes du Château. Il s’appelait Amé de Montfaucon. De retour de Terre Sainte, il demandait l’hospitalité́. Berthe le reçut et le soigna. Amé lui raconta que lors de leur périple Amaury avait été blessé et il ne faisait aucun doute qu’il n‘avait pu survivre. Berthe, éplorée, passa plusieurs jours à errer dans la forêt environnante. Tant de larmes coulèrent de ses beaux yeux bleus qu’au creux d’une pierre où elle s’était assise surgit une source d’eau bleue (Entre les villages de Montperreux et Malbuisson)
De retour au Château, Berthe et Amé passèrent de plus en plus de temps ensemble et très rapidement Berthe succomba aux charmes délicieux d’Amé. Rentré alors qu’on ne l’attendait plus, Amaury surprit les deux amants. Fou de rage il tua Amé et fit pendre son corps dans la forêt en face du Château. Quant à sa femme, il la fit enfermer dans un cachot si petit, qu’elle ne pouvait s’y allonger. La légende raconte même que Berthe était sorti deux fois par jour et conduite devant une meurtrière, afin qu’elle y contemplât la dépouille de son amant.
Douze ans plus tard, à la mort de son époux, Berthe fut libérée de son cachot par leur fils Henri, puis se retirera à l’abbaye de Montbenoît pour y terminer ses jours.